Collée au gris pâlotte
Du bas plafond nuageux,
La première ligne de faîte, seule visible, de la barrière montagneuse.
Depuis trois semaines,
La lumière du jour est séraphine.
Quant au vif froid hivernal et habituel de janvier
Qui fait craquer le sol enneigé quand on le foule,
Il tarde :
Trop douce est la température.
Et nous de reprendre place au bout de la table de la cuisine,
Nos doigts hésitant plus que d’habitude sur les touches du clavier
En raison d’une inspiration plutôt anémique.
Sans trop savoir pourquoi,
On se répète à voix basse que le soleil éclaire,
Que la lune croît et décroît,
Que les saisons se succèdent.
En même temps,
De nous interroger
Sur le sens à donner à la vie, à notre vie.
Jeune, on s’est habitué à jouer avec peu,
À plus imaginer qu’à réaliser.
On se souvient d’un rêve particulier qui nous ramène
À ce temps des couches qu’on a portées.
Comme à chaque fois alors qu’on revoit défiler les images du rêve,
On ressent, c’est automatique, l’obligation
De devoir garder le silence,
De refreiner toute forme d’exaltation.
C’était une question de survie au sein de notre univers d'enfant :
Subir,
Endurer,
Garder le silence.
Même si cela peut paraître impossible : on se souvient de ce rêve.
Ce n’est que beaucoup plus tard qu’on a compris.
Au loin se mêle au gris des feuillus sans feuilles et des conifères
La blancheur de la neige accrochée aux branches.
Nadagami