Avant, la plupart du temps,
On se servait d'un crayon pour accoucher de nos mots,
Mais cette façon de faire a pris du plomb.
Aujourd’hui,
Courent sur les touches
Nos doigts
Pour en même temps en enfoncer.
C’est plus rapide.
Davantage lisible.
Beaucoup plus frette toutefois,
Quoique plus facilement rabouté, corrigé, effacé, remanié, abandonné.
Écrire.
Taper.
Touches enfoncées
Et lettres en foncé.
Ici et là :
Un camion qui remonte la rue Principale;
La cour arrière inondée de soleil;
La maison qu’on a commencé à chauffer.
Que sommes-nous donc?
Tiré d’un existentialisme pubère.
On est loin du type businessman.
C’est vrai, j’y pense : il faut passer l’aspirateur, la balayeuse.
Sans doute le balai, avec le temps, est-il devenu la balayeuse;
De même la corde pour sécher le linge, la sécheuse;
Enfin, la machine à laver le linge, la laveuse;
Quant à la deuxième voisine qui ne cesse de nous baver : la baveuse.
Mais moi, en tant qu’homme,
Je voudrais bien passer le balayeux,
Faire sécher le linge mouillé une fois essoré dans le sécheux,
Et être parfois, comme ma deuxième voisine, un p’tit crisse de baveux.
Dehors,
Les feuilles des arbres pendent accrochées à l’immobilité de l’air.
Tout à coup, un coup de vent.
Toutes en même temps elles se mettent à s’épivarder.
Nadagami