Nous voilà affecté,
Au point d’en être renversé,
Par une troublante réalité :
Notre parler
Est contaminé
Par le contenu de nos lectures
Qui ne suscitait aucune méfiance de notre part
Jusqu’à ce que, de façon inexplicable, on soit confronté
À la prise de conscience de l’effet pernicieux et rétroactif
D’un usage trop relâché
Qui, lors de toute lecture, s'oppose
À l'incontournable rigueur grammaticale
Ainsi qu’à celle relevant du choix lexical.
C’est alors qu’on s’est senti empli d’ignorance
Et envahi par une troublante sensation
D’insécurité langagière difficile à juguler.
Et à cet instant même de constater
Que notre parler est infesté
De formulations prémachées
Si souvent entendues et lues qui,
Bien qu’énoncées et écrites
En notre langue maternelle,
Créent l’illusion de l’imperméabilité d’un usage correct.
Sauf que d’être confronté à tant de contaminations textuelles,
À tant d’emprunts lexicaux tronqués,
À tant de calques si souvent répétés,
À tant de formulations incorrectes,
Voilà que cherche à s’imposer l’envie de tout abandonner,
De mettre de côté toute la rigueur que réclame l’usage de notre langue.
On peine à s’y retrouver,
Surtout que plane l’esprit de cette autre langue,
Omniprésente,
Qu’on se doit, dans une certaine mesure, impérativement d’apprendre
Et dont l’usage si répandu
En vient à contaminer la nôtre au moyen d’un usage erroné des mots.
Nadagami