Pour ne plus entendre le silence de nos doigts.
Et nos paupières sans cesse tombantes
Qui s’emploient à nous couper du monde extérieur.
Oublier,
Puisqu’il le faut à un moment donné;
Rompre avec une image récurrente de nous-même
Qui nous ramène à un temps passé réducteur.
Il faut manger
Et les mots de ne rien mettre dans le frigo.
Des enfants à nourrir :
Un boulot obligé aussi boucaneux qu’une bûche de bouleau.
Écrire...
Sans avoir le talent pour en vivre.
Par contre,
Jamais ne se résorbe l’envie d’enfoncer des touches.
On continue,
Comme si on avait le choix.
On ne choisit pas la couleur de notre peau
Comme on ne choisit pas ce qui se cache en dessous.
Il y a de cela plusieurs années, assis à un pupitre,
Nous voilà tout à coup confronté au choix de la carrière à venir.
On n’a toutefois pas encore compris à ce moment-là
Que les mots nous ont choisi.
En plus, on ne connaissait rien de la vie.
Quelques rares feuilles ont résisté aux premiers assauts de l’hiver.
Recroquevillées,
Elles donnent l’impression de trembloter lorsque agitées par la brise.
La grisaille d'un jour d’hiver nuageux enveloppe les paysages.
Écrire...
Avec le peu de reconnaissance reçue par le passé,
On s’est alors habitué à la minceur des émoluments liés à l’écriture.
Mais on n’a pas le choix :
Les touches du clavier il nous faut les enfoncer,
Car qui rapportera le quotidien hivernal
Des feuilles d’érable desséchées encore accrochées aux branches?
Nadagami