Les champs, jonchés d’herbes aplaties, se vident des eaux de fonte.
Encore ensevelies de neige sous le couvert forestier de leurs flancs,
Les montagnes peinent à s’extirper d’une brume tenace.
Les oiseaux, nombreux, vont en tous sens.
Fébriles, ils chantent leur projet de conquête territoriale.
Ils sont partout et leurs cris mélodieux se confondent.
Recommence une fois de plus le temps des amours.
Patiente, pendant ce temps, dans la maison,
Sur le comptoir de la cuisine,
Pour qui l’année entière est sa saison :
La vaisselle à laver.
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Assis à attendre les mots.
À attendre qu’eursourdent les mots
Appris bien que jamais enseignés,
Pourtant si pleins, débordants même, d’authenticité, de véracité.
Ces mots, mes mots, entendus mais jamais enseignés
Parce qu’interdits,
De peur de ne pas être compris,
De peur de mal parler.
Que de trop longs moments passés à souffrir
De l'usage d’une langue marquée d’un interdit,
Parce qu’ailleurs du mal on en dit
De cette langue aujourd’hui soudée à un temps passé.
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Journée grise.
Langue qui est mienne, tu es dure à aimer.
Dure à aimer parce qu’on ne m’a pas appris à bien t’écouter,
Plutôt à te condamner avant même d’être jugée.
Journée qui dégrise.
Langue hermaphrodite.
Langue féminine et masculine
Avec ses genres masculin et féminin.
Et voilà que tu débarques là où les deux rives se rapprochent,
Là où les deux genres d’une langue ont décidé de s’installer à demeure,
Là où gens de l’ouest et gens de l’est se sont rencontrés,
Là où les deux rives et les deux genres ne font qu’un.
nadagami