Tout près des bois, tôt le matin et en fin d'après-midi, des chevreuils se risquent à quitter leur ravage d'hiver pour se nourrir de pousses desséchées là où, par taches grandissantes dans les champs, la neige a fondu.
Du flanc des montagnes et des collines fuient les eaux retenues durant l'hiver sous forme de cristaux. Les ruisseaux débordent, mugissent, éjectent une humidité glaciale qui se jette sur nous et nous fait grelotter lorsque trop à proximité de ces eaux vives et bruyantes. Plus bas enfin, gonflée de toutes ces eaux libérées de leur paralysie hivernale, la rivière cherche du mieux qu'elle peut à contenir entre ses rives ce tumulte de flots à l'impétuosité parfois sournoise et dévastatrice.
Et alors que la neige disparaît, que la chaleur s'installe, que la durée du jour repousse celle de la nuit, l'acériculteur fait bouillir. Ici et là, la fumée blanche des cabanes à sucre s'élève puis se dissipe tout en parfumant les alentours d'effluves sucrées tirées de la sève bouillie des érables.
Le printemps est revenu.
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Daniel Verret