Sauf que je n'ai pas vraiment le choix d'écrire. Longtemps je me suis demandé ce que je pourrais bien faire de ma vie. Comme à peu près tout le monde, je suis allé à l'école et ensuite, j'ai travaillé, tenté maintes expériences afin de subvenir à mes besoins. Par contre, toujours je reviens à l'écriture. Et si je n'écris pas, mon caractère s'embrume. Je deviens maussade.
Alors, les deux mains sur le clavier, j'attends que les mots viennent, que mes doigts enfoncent les touches, que coule le flot de lettres. Je n'ai pas choisi. En somme et comme n'importe qui, je suis ce que je suis. Le plus difficile pour moi, c'est de l'accepter.
J'aurais bien aimé être un riche homme d'affaires. Mais pour l'être, ça prend des qualités propres à ce type de réalisation professionnelle. Alors que l'écriture, tout le monde le sait, du moins ceux et celles qui écrivent, c'est difficile quand on veut être certain de manger.
Il y a aussi que je ne viens pas d'une famille où l'écriture représente un choix de carrière à envisager. Ils sont tellement si sérieux, si rangés, si rationnels mes frères et soeurs. Quant à moi, c'est plutôt le contraire. J'ai près de soixante ans et je doute encore de mon choix de carrière.
Il n'empêche qu'on ne peut éternellement se mentir à soi-même. J'aime écrire, les mots. Mais j'ai peur de me tromper, de me laisser emporter par ce désir que me dicte ce besoin de voir apparaître à l'écran des mots. J'ai peur que la nourriture vienne à manquer. Mais j'ai beau avoir peur, je finis toujours par me retrouver assis face à un écran avec les doigts prêts à enfoncer les touches du clavier.
« Sois ce que tu es! »
C'est ce que me dictent mes rêves.
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Daniel Verret