Nos doigts souhaitent l’absence.
Mais voilà, le silence occupe toute la place
Et aux tentacules de son emprise nos doigts s’enlacent.
Silence!
Tu nous relances
Pour qu’on aborde
L’idée qu’à une contradiction une impossibilité concorde.
Parce que, pour enfin taper quelque chose, on se démène,
Tandis que nos doigts se promènent
Sur les touches du clavier
Tout en nous efforçant, dans toutes les directions, de ne pas dévier.
C'est pourquoi, depuis tôt ce matin, on s’élance.
Sauf que rien n’avance.
Après quelques lignes, on efface
Sans conserver, de ce qui était tapé, la moindre trace.
Silence!
On s’élance?
Mais comment aborder
L’expression d’un thème dont l’élaboration oblige à le saborder?
Il n’empêche
Que c’est depuis qu’on est sorti du lit qu’on va à la pêche
Et de tous les fils conducteurs
Lancés, aucun ne s’est révélé être un bon leurre.
« Le silence » :
En plus, ce n’est pas d’avance
Que, au moyen de l’écriture, de décrire
Ce qui nous empêche d’écrire.
Mais pour la première fois depuis on ne sait trop quand,
Voilà qu’on est confronté à l’élément manquant
Qui, les doigts sur les touches, nous freine
Alors que d’habitude, sans qu’on ne s’interroge, un élan nous entraîne.
Toujours est-il que grâce à ce silence,
Alors que ce matin notre inspiration relevait de l’absence,
Une nouvelle page produite
S’ajoute bien que ce soit l’absence qui l’a introduite.
Nadagami