Du côté de l’hiver on bascule.
Sous la grisaille céleste,
Des souvenirs du dernier été on se déleste.
Chuintent les roues des automobiles
Qui devant la maison passent en file.
La température est douce
Alors que les flocons nul vent ne les pousse.
Soudain remontent des images que déversent des instants d’hier :
Temps de prières,
Tous les jours,
Sans possible détour.
Ici comme ailleurs, en plein centre du village,
Un temple religieux où jadis se rassemblaient les gens des parages.
Encore aujourd’hui, de tout l’ensemble immobilier du village l’église
Demeure le bâtiment d’une hauteur que seul l’orgueil égalise.
Il nous est toutefois difficile de comprendre
Comment, voilà plus d’un siècle, on a bien pu s’y prendre
Pour convaincre les fidèles de la nécessité d’ériger un tel édifice
Alors qu’à cette époque se nourrir exigeait tant de sacrifices.
En auto, des environs il nous arrive de faire le tour.
Dans tous les villages que nous obligent à traverser nos parcours,
Se répète invariablement le même phénomène,
Soit que vers l'église toujours somptueuse notre regard nous mène.
Aujourd’hui toutefois, de leurs résidants les villages se vident.
Dans les églises, on célèbre devant de très nombreux bancs vides.
Il y a aussi des communautés religieuses
Qui mettent leur présence en veilleuse.
Quant à nous, du temps de notre jeunesse, très fort on croyait.
Du noir aussi et très souvent on broyait.
Mais bon, ce n’était pas toujours facile
Surtout qu'à l'église on appréciait beaucoup les gens dociles.
Aujourd’hui, on observe.
Face à la religion, on entretient des réserves.
Il y a eu abus.
Et de cela, on n’est pas revenu.
Nadagami