Le bout des doigts au-dessus des touches de position,
Les deux mains, suspendues, immobiles, attendent.
C’est ardu ce matin.
Soudain, ses yeux, son regard.
Va par là.
Par où?
« Par là! » qu’elle me répond.
Mais qui es-tu?
Écris!
Mais té qui toi?
Écris que je te dis.
Je n’ai rien à écrire,
Que le vide.
(Le voilà encore qui se plaint.)
Ta gueule pis tape des mots!
Un chant d’oiseau retentit.
Une auto passe devant la maison
Qui n’est séparée de la rue que par le trottoir
Que jouxtent une mince bande de gazon et une autre de fleurs.
Images du passé qui remontent.
Que je laisse remonter.
Des craintes.
Non! Pas ce matin. On a assez du passé.
Ai-je à dire?
Non!
Ai-je à taper?
Oui.
Je tape.
J’avance avec cette impression de marcher sur des roches.
J’avance.
Le chemin est raboteux.
Je continue, j’en tape un autre, juste un autre mot,
Juste pour savoir ce que j’aurais manqué si je ne l’avais pas écrit.
Je tape, je poursuis.
Égoïste que je me sens.
Le soleil est levé.
Un mince couvert nuageux filtre la lumière du jour
Mais qui n’empêche pas les ombres de s’étendre loin.
Une autre auto passe devant la maison.
Le vent souffle et bouscule les feuillages.
J’ai peu de temps.
Mais le peu que j’ai je parviens à le gaspiller.
Je tape d’autres mots.
Soudain, je la revois.
Encore qu’elle me dit.
Des mots, encore.
Je tape.
Le temps passe.
Je tape.
Passe le temps,
Passent les mots que je tape.
nadagami