Le vent s'est absenté, la neige s'en est allée, la lune qui au terme d'une beuverie de 28 jours sera aujourd'hui pleine et le soleil qui qui qui... ensoleille. Dans la remise, il y a un lave-vaisselle.
Trop de mots de trop et en même temps, il faudrait qu'il y en ait toujours plus, tout le temps, à jamais. Le vent souffle sans souffler, la neige s'en est allée sauf qu'on sait fort bien qu'elle reviendra, tantôt la lune recommencera à se saouler et le soleil qui au moins une fois au cours de sa très très très longue vie aimerait bien connaître une journée sans soleil. Dans la remise, il y a un lave-vaisselle et un lave-vaisselle qui n'est jamais utilisé. Y a-t-il vraiment trop de mots de trop comme il y a toujours trop de vaisselle en trop sur le comptoir, et même quand il y en a vraiment peu de cette vaisselle à laver?
Il y a un lave-vaisselle dans la remise, il y a toujours trop de vaisselle sur le comptoir de la cuisine mais jamais, pas une seule fois le lave-vaisselle rangé dans la remise n'a servi.
Demain matin, je laverai la vaisselle. Demain matin, je me déguiserai en lave-vaisselle. Demain matin, une fois la vaisselle lavée, essuyée et rangée, je regarderai le comptoir reluisant de cette fine couche d'eau que laisse la guenille humide que l'on passe une fois la vaisselle terminée et je serai bien fier de moi. Mais plus tard au cours de la journée et à mesure que s'acccumuleront verres, tasses, plats, assiettes et ustensiles sales sur le comptoir, je recommencerai à maugréer. Et je me remettrai à penser au lave-vaisselle rangé dans la remise depuis je ne sais trop combien d'années et qui n'a jamais servi.
Trop de mots de trop. Je hais faire la vaisselle. Mais je hais davantage les lave-vaisselle et le soleil lui de ne jamais connaître une journée sans soleil.
Daniel Verret