Du silence à dire.
Je tape,
Évidemment silencieux mais sous de si lents cieux.
Mes doigts m’emportent.
Où?
J’avance, recule, bifurque, attends, repars.
Lent, je tape.
Des images bruyantes
Placardent les murs où est enferré mon silence à dire.
Je ferme les yeux pour ne pas les entendre.
Mon silence me presse.
Le temps, invisible réalité qui conditionne le visible,
Se dresse et
S’empare de tout l’espace imaginé
Jusqu’à ce qu’entre,
Entre deux secondes,
Une seconde
Qui aussi vite
En ressort :
Toujours seconde,
Jamais première,
Jamais troisième,
Mais née première seconde devenue troisième d’une union.
Mais qui parle?
Mes doigts?
Non! Non!
C’est elle, je l’ai reconnue.
Belle,
Séduisante,
Envoûtante
Es-tu ma langue
Qui m’a séduit,
Envoûté
Au moyen de tous ces mots à mon oreille
Chuchotés.
Puis soudain,
Ma langue me repousse.
Un flou violent m’aspire et
Je me retrouve dans cette pièce libéré de mes fers.
Tout n’est que guerre sans fin,
Lutte impossible à finir,
Perpétuelle,
Sans vainqueur ni vaincu.
C’est la vie.
Renaissent à nouveau les mots
D’un autre silence à dire
Entre deux secondes précédées d’une première et suivies d’une troisième.
nadagami