Ensoleillée,
Des mois rêvée,
Presque d’été.
-= =-
Mes doigts veulent aller par là.
Hier, ils résistaient.
Pas aujourd’hui.
Le beau temps?
=- -=
Trop beau.
On s’en va dehors.
J’éteins...
... et je rallume.
Une faible brise agite quelques feuilles d’une ramée apathique.
Fend l’air en un slalom imprévisible une hirondelle bicolore.
En face, entre les arbres se dresse le clocher de l’église.
Le ciel au-dessus des verts étendus a repris son ton pastel d’été.
Derrière, chez mon deuxième voisin, un refroidisseur d’eau tourne.
C’est sans arrêt, de huit heures à minuit, qu’on travaille à côté.
On y fabrique des accessoires de peinture
Par injection de plastique.
Dans les champs, on fauche pour la première fois.
Tout près de l’épinette, un merle d’Amérique arpente le sol.
Un couple de chardonnerets passe à toute vitesse et
Disparaît dans le feuillage d’une rangée de cerisiers sauvages.
-= =-
Et voilà, c’est djamé.
J’ai toujours le pied sur le bréque.
Je n’avance pas.
Je cherche trop.
Pourtant, je n’ai qu’à me laisser aller,
À permettre à mes doigts d’enfoncer les touches.
Je tente trop de tout contrôler,
D’obtenir un texte final pratiquement avant même de l’avoir écrit.
Et là, je m’endors.
Ça m’arrive assez souvent quand j’écris.
Mes paupières deviennent soudainement très lourdes.
Faut que j’arrête.
=- -=
Le beau temps change tout.
Les gens sont joyeux.
Au passage des voitures, s’agitent les mains derrière les vitres :
Vous pouvez traverser. Allez! Allez! Il n’y a rien qui presse.
Quand il fait beau, chaud après tant de journées de pluie, de froid,
Les gens deviennent tout à coup si sympathiques, si avenants.
Mais ça ne durera pas.
Demain, il commencera déjà à faire trop chaud.
-= =-
Ce soir, la lune,
Pas encore pleine mais pas loin,
Que cherchent à enserrer les branches les plus hautes d’un faux-tremble,
Tache de sa rondeur blanche le ciel bleu d’une longue soirée de juin.
nadagami