Léger vent nordet.
Sol humide.
De la pluie? Sans doute un peu toute la journée entre deux apparences.
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On se lève,
La routine des premiers pas.
Thermomètre, cafetière, ordi.
Premiers va-et-vient des doigts sur le clavier.
Accro.
Accro du clavier,
De l’écran.
Des nouvelles qui conditionnent.
De la météo.
J’enfonce les touches.
Les mots.
Tous les jours, réapprendre à écrire avec exactitude.
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Faut pas vivre dans le passé.
Je sais.
Mais,
Pourquoi si longtemps sourd aux mots?
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Je me revois, à quatre ans peut-être. J'ai la tête penchée sur le côté.
Ma soeur tient dans sa main une petite table de cuisine en plastique.
Elle glisse l’une des pattes de la table dans mon oreille.
Je suis le patient chez le docteur. Soudain elle enfonce loin la patte.
Le sang gicle.
Je hurle. Je me retrouve à l’hôpital mais suis toujours le patient.
Le temps cicatrise la plaie.
Là, en ce moment précis, je suis assis à la table de la cuisine et
Toutes proportions gardées,
L’instant présent me ramène là, à ce souvenir.
Résurgence aidée par l’intrusion, voilà deux semaines,
D’une fine branche dans mon oreille gauche, la même.
Le sang a giclé.
J’ai soigné la plaie à l’aide d’un bâtonnet ouaté.
Le temps passé a rebondi
Et en a profité pour cicatriser encore une fois la plaie.
Ce matin, alors que j’enfonce les touches, je vis hier et aujourd’hui :
La patte de la petite table de cuisine dans mon oreille;
Les mots que je tape sur la table de la cuisine;
La petite branche qui se glisse dans mon oreille.
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Les bourgeons ouverts des faux-trembles tremblent sans fausseté.
Du vert des jeunes pousses expulsées émane la fragilité de la naissance.
Autour, plus lents, les bourgeons sanguins des autres feuillus craquent.
Déjà et très vite, les arbres tendent à perdre leur aspect squelettique.
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Le soleil cherche à percer.
Les nuages cherchent à masquer le soleil.
L’instabilité du temps cherche à s’imposer et y parvient.
Et moi, quand je cherche pour de vrai, je charche.
nadagami