Le rang Taché,
Devenu on ne sait trop quand la route 216
Qui, au tout début, était un chemin de colonisation.
En sortant de la cour,
On a viré à droite.
Après,
On a roulé sans jamais s’arrêter jusqu’à Saint-Omer.
Rendus au boutte,
Soit où cé qu’le ch’min s’eurfarme presque sur lui-même,
On a traversé un petit pont de bois
Sans aller plus loin
Parce que la route
Devient,
À partir de là,
Un chemin de gravelle.
Faqu’une fois le pont traversé,
On a reviré de bord,
Retraversé le pont
Et repris la route pour revenir à la maison.
Sauf qu’au lieu de repasser par le même chemin,
On a filé jusqu’à Saint-Pamphile
Où on a fait le plein et par la suite,
Emprunté la route qui longe la frontière,
Soit la 204.
Souvent alors qu’on roulait,
J’ai essayé de me mettre dans la peau des premiers arrivants
Pour comprendre c’était quoi la vie en ces lieux avant le chemin.
Pour commencer, il a fallu défricher.
Mais défricher,
Il y a cent cinquante ans,
C’était quoi?
Ils sont arrivés
Et il n’y avait que la forêt.
En dessous,
De la roche à plein.
C’est quand je vois des champs abandonnés,
Jalonnés qu’ils sont de digues de roches,
Et que la forêt en profite pour reprendre ses droits
Que je suis le plus bouleversé.
Tant de travail pour rien.
Mais bon,
Oui je sais,
C’est comme cela, c’est la vie.
Sauf que,
Il y a cent cinquante ans,
C’était quoi s’établir
Quelque part au coeur de la forêt des hauts?
On est revenu par Saint-Fabien-de-Panet
Où on s’est arrêté.
On a mangé une frite et bu chacun un Coke.
En sortant du petit resto,
Du côté sud, au loin,
On pouvait apercevoir
Les Appalaches bleu marin mat alignées de l’autre côté de la frontière.
On a poursuivi notre route en repassant
Par Saint-Paul-de-Montminy.
Alors qu’on descendait la longue côte
Qui mène au village,
Au loin s’étirait
Entre les verts du piémont et la bleuité ennuagée du ciel,
Une bande accidentée bleu gris mat :
Les Laurentides.
À partir de là,
Il n’est restait pas long à rouler pour revenir à la maison :
Saint-Philémon et après,
Le rang des Pointes
Et Saint-Joseph qui s’arrête quand la montée touche le firmament.
nadagami