Il est étonnant de retrouver en une seule municipalité une telle richesse quant au nombre de lieux d'observation d'un coin de territoire qui ne demande qu'à être zieuté.
Depuis cinq ans, tous les matins à la même heure je passe par le rang Ville-Marie. Depuis cinq ans, toujours le matin et toujours à la même heure, jamais je ne passe par le même rang. C'est toujours différent d'un matin à l'autre.
Ce matin, les montagnes étaient disparues. Une masse nuageuse gris clair les avait enveloppées. Tantôt, demain matin peut-être, les montagnes seront blanches, tantôt elles seront vert printemps, tantôt gris ombragé en bas et jaune noir scintillant au sommet, tantôt chatouillées à leur sommet par des nuages blancs poussés par le vent, tantôt visibles d'aussi loin que Québec.
Mais il n'y a pas que dans le rang Ville-Marie qu'on peut être témoin de ce phénomène. Quand on arrive à Notre-Dame-Auxiliatrice-de-Buckland par la route 279, par le rang Saint-Roch, là c'est le délire total. Il y a des fins d'après-midi où, du haut Saint-Roch, Notre-Dame-Auxiliatrice-de-Buckland, avec sa couronne de monts alignés qu'un soleil d'hiver couchant pulvérise de lumière, joue à la belle prétentieuse en droit de l'être et comme on aime tant qu'elle soit.
Et à l'automne, du haut de Pain Sec, du rang Saint-Louis, alors qu'on a déroulé le tapis rouge orange jaune, là-bas, au loin, à une distance d'environ 60 kilomètres, il y a le mont Sainte-Anne qui reluque la belle prétentieuse.
Mais pour bien la découvrir, il faut éviter l'empressement. Ici, rien n'urge. Notre-Dame-Auxiliatrice-de-Buckland, il faut la marcher pour vraiment être en mesure de voir ses sourires qu'elle nous lance de partout, tantôt par temps clair, tantôt par temps gris, tantôt par temps venteux, tantôt par temps chaud.
Puis un jour, après avoir au rythme de nos pas cherché à la découvrir, la belle nous séduit.
Daniel Verret