5h00. Fait noir. Le plancher n'est pas froid. Lunettes, robe de chambre, café, ordi. Le mur du matin : j'écris quoi? C'est vrai, hier j'ai pris quelques photos. Tiens, celle-là me plaît. Mais j'écris quoi? Je regarde les autres photos. Hum! Pas si mal celle-ci. Je téléverse. Bon, et maintenant j'écris quoi? |
Encore une photo? Pourquoi pas! Les bleuets. Voilà, c'est fait. Mais faudrait bien que je finisse par taper quelque chose. Premières lignes. Effacées. J'aimais pas. J'recommence. Ouin! Pas mal pareil à ce que je viens tout juste d'effacer.
Effacer. Ou supprimer? Traumatisme de jeunesse qui refait surface. Efface, le substantif, qui n'existe pas dans le dictionnaire, qui n'a jamais existé. Encore aujourd'hui, c'est comme ça. Pourtant, entre nous, c'est d'une efface dont on se sert pour effacer. Mais ce n'est pas correct. Une gomme à effacer? Oui. Une efface? Non! Une efface est une impropriété. Une quoi? |
Employer le mot efface plutôt que gomme à effacer constitue une impropriété. Autrement dit, c'est un usage fautif, une faute. C'est comme dire bleuet plutôt que myrtille. Pour d'aucuns, ça ne passe pas. Il faut dire myrtille parce que bleuet, bin cé pas correct et cé pas correct parce qu'ailleurs on dit myrtille et non pas bleuet. Et si ailleurs on disait bleuet plutôt que myrtille et ici myrtille plutôt que bleuet, il faudrait dire quoi : myrtille ou bleuet? Il faudrait dire bleuet. Et bleuet parce que la raison vient d'ailleurs, de l'extérieur, est étrangère. En fait, quand on emploie les mots d'ici, il faudrait être comme une efface : effacer ce qu'on dit qui révèle ce qu'on est. |
Daniel verret