Ont cessé de rejeter
Leur traînée
De vapeur sucrée.
Les acériculteurs du village
Sont de retour à la maison comme l’ont sans doute été,
Par le passé et à peu près dans les même temps,
D’aucuns et d’aucunes parmi les premiers habitants venus des bas,
Voilà plus de cent cinquante ans,
Parce que déjà on faisait bouillir,
Mais dans des conditions différentes
Et avec des rendements moindres.
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Ce matin en repensant à ces années du passé,
Il m'apparaît que d’une certaine façon
C’est comme si
Une mer inventée avait entraîné ces gens
Au gré des courants et des marées
De l’histoire
Et qu’une fois leur navire échoué,
L’eau s’était retirée.
Abandonnés en ces lieux tout en versants,
Ils se sont retroussé les manches
Avec l'idée bien arrêtée de s'établir.
C’est par hasard que nous avons été emporté par la même mer,
Voilà environ vingt ans,
Et que nous nous sommes à notre tour un jour échoué,
Pour la première fois,
En ces hautes terres.
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Ce matin,
Une brise légère
Glisse depuis les montagnes,
Mais le fond de l’air reste cru,
Le tout,
Sous un soleil qu’on devine tantôt chaud.
Ici, un pic flamboyant;
Là, un couple de crécerelles d’Amérique;
Au-dessus d’un érable à sucre à bourgeons chétifs,
Ailes déployées mais en vol stationnaire,
Une hirondelle bicolore,
La première observée en cette mi-saison printanière.
Sur les flancs de montagne,
On peut suivre sans peine le tracé tortueux
Des chemins de bois encore blanchis de neige
Que les hauteurs retiennent plus longtemps.
Soudain nous passe sous le nez un effluve vitement identifié :
Avant de vider les fosses, il faut brasser pour que remonte le solide.
Les cloches sonnent.
Dehors, il fait beau.
nadagami